Loin du tumulte qui secoue les start-up parisiennes depuis le e-crack, la netéconomie varoise poursuit son chemin. Lentement mais sûrement.
« Quelle crise ? » est tenté de demander William Grandorby, responsable de FR Web. Comme ailleurs, les entreprises varoises sont « sensibles à la crise qui touche les start – up et Internet mais, paradoxalement, moins », précise Patrick Valverde, directeur de Toulon Var Technologies. L’association toulonnaise connaît bien le sujet pour accompagner, depuis 95 ans, les créateurs d’entreprise Internet. « La vague a touché les sites sur lesquels les capitaux risqueurs avaient investi énormément d’argent. Aujourd’hui ces mêmes financiers vont rechercher des projets beaucoup plus finis ».
Rentabilité d’abord
Fini le temps d’Internet pour Internet, « Les entreprises sur le net sont à présent, d’abord des entreprises … qui savent identifier les besoins de leurs clients et dégager des profits ».
Stéphan Hermine est responsable du projet « quaiweb », une web agency chargée de développer des projets Internet auprès des entreprises « Après le capitalisme sauvage, on retrouve un langage normal », comme dans n’importe quelle entreprise. « C’est le juste retour à une réalité, explique Laurent Collin , de la Web agency Stone Power. Tout le monde s’est jeté dans Internet en lançant des sites qui ne fournissaient que des contenus…Pour réinvestir, les capitaux risqueurs demanderont autre chose, des services qu’il reste à inventer… »
« Le Var s’est lancé dans Internet lentement, mais plus surement sans doute… » souligne de son côté Patrick Valverde, qui met en exergue une certaine méthode toulonnaise. « Longtemps l’euphorie financière qui alimentait les start-up ne s’est pas souciée de la finalité. On a occulté la viabilité du projet ou sa rentabilité ». Ludovic Frémont, responsable de Nexxus , entreprise dont l’une des activités est la traduction en ligne, travaille chaque jour avec des start-up : « ces entreprises ont poussé trop vite. Sans se concentrer sur une activité de base… » Des propos pour lesquels Christophe Antone, infomédiaire d’assurances renchérit « Nous avons lancé Netassurances en 95,-96. A l’époque, l’idée se suffisait à elle-même mais cela ne nous a pas empêchés de conserver notre cœur de métier, l’assurance traditionnelle, même si tous nos flux s’organise sur le Net. » Le site est aujourd’hui référencé parmi les cinq meilleurs sites nationaux de produits d’assurance en ligne et travaille en partenariat avec « magéos » et « explorimmo ».
Entre l’excès de doute et l’excès d’euphorie, comme le souligne Christophe Antone, on parvient à l’ère du « raisonnablement pessimiste ». « Une entreprise sur Internet doit prouver qu’elle est rentable, dégager non seulement du chiffre mais aussi des bénéfices. »
Priorité au « b to b »
C’est l’objectif affiché par skihorizon, start-up dont le pôle technique est installé à La Garde. Deux sites en ligne, un professionnel, un grand public, avec base de données liées au tourisme hivernal et au ski. Avec 1500 hébergeurs, l’entreprise dont le siège social est à Genève, a levé 48 MF en deux tours de table, dont « 36 MF en milieu de l’année 2000, après le e-crack » explique Hervé Kopyto, responsable du projet. Preuve que les investisseurs sont toujours là, mais demandent d’avantage de garanties « Garanties liées à la nouvelle prééminence du B to B sur le B to C, analyse William Grandordy. Les entreprises varoises dont le chiffre d’affaires passe par le Net l’ont visiblement bien compris. « La nouvelle économie doit s’enrichir d’un savoir-faire…Celui de l’ancienne économie », conclut Christophe Antone.
Article de Karine Michel